Ronde de nuit

Elle fait les cent pas sur le quai, guettant, anxieuse, le visage familier parmi les passagers qui débarquent du ferry. Une routine que l’on devine exécutée, sans succès, des dizaines de fois. Mila (Nacima Bekh­taoui) débarque à Marseille après avoir reçu une carte postale de son père, parti quinze ans plus tôt en Algérie sans laisser de trace. La jeune flic renoue avec les barres d’immeuble de son enfance, une mère étrangement absente et son frère, candidat charismatique à la mairie du 14e arrondissement, dont la maîtresse vient tout juste de disparaître… La situation cache, sans surprise, un lourd secret de famille, que Mila s’emploie à révéler en parallèle de son enquête.

Sans être originale, la trame fonctionne ici plutôt bien, notamment grâce à la caméra, qui abandonne les décors de studio interchangeables au profit de scènes d’extérieur, tournées en bord de mer, sur les hauteurs de la cité phocéenne, ou dans le dédale des ruelles de la capitale algérienne.

Ronde de nuit prend également le temps de construire avec minutie ses personnages secondaires, dont une commissaire franche du collier (Olivia Côte) ou ce poète doucement allumé qui récite du Sophocle au milieu des tours.

Dommage que ce vent de fraîcheur retombe quelque peu en seconde partie, où les ficelles, plus convenues, amène à un dénouement en demi-teinte.