Les Gonthéaumes : recherches sur d'anciens travaux miniers...
Quelle agitation en cette fin d’été à Saint Théoffrey… Une entreprise spécialisée dans les forages et sondages éparpille aux quatre coins de la commune d’étranges engins ressemblant à de petits derricks mobiles…
Clic gauche = agrandissement
Les bruits courent, la rumeur enfle. On cherche de l’or, du pétrole…
Voila qui mettrait du beurre des les épinards : le budget communale n’est pas si florissant !
Seulement du rêve à la réalité le chemin est souvent bien long et toute cette effervescence est peut-être aussi synonyme de tracas…
Le plus simple est de demander quelques renseignements au géologue qui encadre les travaux.
La réalité est bien différente : La Matheysine est riche en anthracite et son exploitation s’est développée sur des territoires bien connus.
.
Mais on a oublié de nombreux sites de prospection et dans le cadre d’un plan de prévention des risques miniers il a été décidé une importante campagne de sondages sur une vaste étendue du territoire Matheysin. Et il y a bel et bien suspicion de travaux miniers à Saint-Théoffrey et particulièrement aux alentours des Gonthéaumes ! Pour preuve cette carte, certes peu précise, mais comportant de nombreux détails troublants. Elle est certainement antérieure à 1907. (Puisque le nom de Petichat a été transformé en "Petichet" par une décision municipale du 19 février 1907).
Clic gauche = agrandissement
Les plus anciens habitants du village se souviennent bien d’une entrée de galerie abandonnée au niveau du chemin qui part de Petichet pour aller à l’église, en dessous et au sud du « rocher » que l’on voit le long de la D113B entre Petichet et les Gonthéaumes. Il est bien tentant de relier ces souvenirs à la galerie Jacob tracée sur la carte.
Il ne reste plus aucune trace de ces travaux : Aucun vestige d'exploitation (razier par ex) ou affaissement de terrain…
La galerie Villard, elle, est plus visible : une petite visite dans les taillis et le petit bois jouxtant "l'arrêt pique-nique" organisé au bord de la nationale à la sortie sud de Petichet permet facilement de trouver un amoncellement de pierres sommairement appareillées.
Clic gauche = agrandissement
Clic gauche = agrandissement
Il s'agit certainement de l'entrée de la "galerie Villard" que l'on a murée après l'arrêt de l'exploitation.
Un peu plus haut dans la pente on voit assez nettement des affaissements de terrain. Cependant ici aussi, aucune trace de razzier.
Clic gauche = agrandissement
La troisième galerie répertoriée sur la carte aux environs des Berlioux est beaucoup plus visible. Son entée, aujourd'hui totalement effondrée, présentait encore il y a trente ou quarante ans des boisages disloqués et branlants.
Clic gauche = agrandissement
La saignée d'affaissement est bien nette. Il est impossible de manquer cette grosse balafre!
Clic gauche = agrandissement
Les travaux miniers sur la commune de Saint-Théoffrey ne se résument certainement pas à ces trois galeries. Tous les spécialistes qui se sont intéressés, soit à l'exploitation houillère en Matheysine ou à l'histoire locale, semblent en accord sur ce point. Les recherches, fouilles, demandes d'exploitation furent nombreuses et variées…
Dans le livre de Jean Garnier "Chronique des mines de La Mure".
Clic gauche = agrandissement
on peut lire :
"Saint-Théoffrey : l'exploitation ne dura que de 1843 à 1863 et ne produisit annuellement que quelques dizaines de tonnes."
Clic gauche = agrandissement
Dans le livre de Pierre Berthier " Le plateau Matheysin".
Clic gauche = agrandissement
on peut lire :
CONCESSIONS DE SAINT-THEOFFREY
Cette commune a eu quelques demandes de droit de fouilles pour la recherche soit de l'anthracite, soit du cuivre, du plomb, du zinc. Voici une publication par affiche, relative à une demande de concession des mines de cuivre et autres à Saint-Théoffrey.
...Vu la pétition
régulière, en date du 22 février 1853, enregistrée dans nos bureaux sous le n°
112 par laquelle M. E. Causans, gérant de la Société des Mines et Fonderies des
Alpes, dont le siège est à Paris rue de l'Université, 14, demande la concession
des mines de cuivre, de plomb et de zinc, argentifères, situées sur le
territoire de la commune de Saint-Théoffrey.
La concession est limitée :
Au nord-ouest, à l'intersection et séparation des communes de Notre- Dame-de-Vaulx, Saint-Jean-de-Vaulx et Saint-Théoffrey, la route de Gap à Grenoble, à son branchement avec le chemin de Pierre-Châtel et la Fayolle.
Au nord, à l'intersection des communes de Cholonge et de St-Théoffrey ou elle rencontre les chemins des Theneaux à Cholonge.
Au sud, par l'intersection des chemins de Saint-Jean-de-Vaulx aux Gontheaumes et celui des charbonnières de Pierre-Châtel.
A l'ouest, par le chemin de Saint-Jean-de-Vaulx aux Gontheaumes.
Ce périmètre enferme une étendue de 112 hectares 97 ares environ.
Voici encore un extrait du livre de Clovis-Henri ANGELIER : Le bassin houiller de La Mure
Les petites entreprises.
Les concessions de Puteville, de Pierre-Châtel, des Boisnes et de Combe-Ramis sont aujourd'hui abandonnées. Si la dernière connut une longue quoique modeste activité, les trois autres n'eurent qu'une production très faible, éphémère ou intermittente. La concession de Puteville (216 ha.), constamment exploitée de 1805 à 1913, ne donna plus de 5.000 tonnes par an qu'à partir de 1870. En 1910, les ouvriers en tirèrent 11.000 tonnes. Un chemin de fer la relia même à la voie ferrée de Saint-Georges-de-Commiers. Les réserves étant épuisées, on l'abandonna en 1913. A Pierre-Châtel et Saint-Théoffrey (200 ha.), l'exploitation ne dura que de 1843 à 1863, temps pendant lequel elle ne produisit annuellement que quelques dizaines de tonnes. Un regain de vie donna 12 tonnes en 1912, et la mine fut fermée. L'activité fut aussi intermittente aux Boisnes (77 ha.). Entre 1834 et 1848, de 5 à 8 ouvriers y travaillèrent, à la belle saison…
Clic gauche = agrandissement
Enfin le livre de René Reymond "Mémoire de Saint-Théoffrey liste par le menu toutes les demandes d'autorisation de recherches de minerais divers effectuées depuis 1847 dans les limites de la commune.
Clic gauche = agrandissement
DES MINES DE HOUILLE AU CREY
Le 15 messidor an 12
(4.7.1804) Jacques Froment, de La Motte-d'Aveillans (Les Buttarias) obtint
l'autorisation d'exploiter des mines de houille dans une partie de la montagne
du Crey, dans les communes de Pierre-Châtel et Saint-Théoffrey, sur une étendue
de 8 km2. Après avoir dépensé 30 000 livres en travaux de recherches qui ne lui
permirent de découvrir qu'une veine de charbon de 50 cm d'épaisseur, il
abandonna sa galerie qui, quelque temps plus tard, s'écroula. Il céda ensuite
ses droits à Jacques Pellafol, de Pierre-Châtel (Le Collet). Le nouveau
concessionnaire demanda, le 13 octobre 1825, la réduction de la surface à 2 km2
pour bénéficier d'un allégement d'impôts. L'ingénieur départemental des mines,
Gueymard, espérait alors que, si un gîte exploitable était découvert, il serait
élaboré comme ceux du canton de La Mure "qui sont des chefs-d'œuvre dans
les travaux de ce genre". Malheureusement, cette exploitation ne fut pas
viable.
Clic gauche = agrandissement
RECHERCHES DE CUIVRE, PLOMB,
ZINC, ANTHRACITE
La première demande d'autorisation accordée pour rechercher du plomb du zinc et du cuivre remonte au 20.8.1847. Elle fut présentée par MM. Jean Troussier, propriétaire à La Fayolle, et Pierre Blachet, du Péage de Vizille.
Le 4.11.1849, Jean Troussier, seul cette fois, présenta une nouvelle demande.
Le 9.3.1851, M. Jean Eyraud, de Grenoble, obtint une autorisation pour rechercher de l'anthracite.
Le 13.2.1853, M. Pierre Nevoux, de Grenoble, fut autorisé à rechercher de la pierre à ciment et du charbon. Et la même année, le 17 avril, M. Eyraud obtint une prolongation de deux ans qui fut encore renouvelée. Mais considérant que ses fouilles étaient très imparfaites et sa prospection arrêtée depuis 15 mois, la municipalité conserva le Sr Nevoux pour que la fouille soit complète et que les autres parties de la commune soient prospectées.
Le 22.2.1853, la Société des Mines et des Fonderies des Alpes, ayant son siège à Paris représentée par M. E. de Causans et Cie demanda une concession pour recherche de mines de cuivre, plomb, zinc... sur une étendue de 113 ha. Par arrêté préfectoral du 19.7 1855 cette société fut autorisée à faire usage d'un appareil à vapeur de forme cylindrique, d'une capacité de 3 m3 et d'une puissance de 4 chevaux "pour servir à l'épuisement et à l'exploitation de la mine de La Fayolle".
Le 24.9.1882, M. J.-B. Piret, "ingénieur-mineur" fut autorisé à rechercher de l'anthracite, mais aussi "fer, cuivre et autres minéraux, eaux minérales".
Le 31.8.1901 un permis de fouille fut concédé à M. Prudon, de Lyon, pour recherche de charbon, et pour le même objet, en 1906, à M. Séjourné, négociant à Marseille qui demanda le transfert de l'autorisation obtenue à M. Victor Villard qui obtint une prolongation le 31.3.1912.°
LES MINÉRAUX
Entre les lacs de Petichet et de Pierre-Châtel - versant du dôme de La Mure - ont été signalés des filons de sidérite, avec hématite et magnétite, qui affleurent.
Le gîte de La Fayolle est connu depuis très longtemps pour ses exploitations de fer de zinc et de plomb. Entre La Fayolle et Cholonge furent extraits des galeries les minerais suivants : chalcopyrite, pyrite, cuivre gris ; limonite, sidérite ; galène.
Sur la rive nord, presqu'île du lac de Petichet, nous l'avons dit, fonctionnait en 1860, à tout le moins, un atelier mécanique de la Société des Alpes traitant ces minerais. Des déblais forment souvent les rives dans ce secteur du lac.
On peut signaler, aussi, un étrange puits creusé dans la corne nord du lac de Petichet sensiblement au dessus du Miradou. Mal protégé par un grillage détérioré il représente un danger potentiel…
Clic gauche = agrandissement
Pourquoi a-t-on creusé un puits à cet endroit ? L'eau ne manque pas ! : le lac est proche et il semble bien improbable de trouver quoi que ce soit d'intéressant dans l'épaisseur de cette immense moraine…
Clic gauche = agrandissement